Fiches pratiques du parent

La catégorisation

Si dès la première année, le bébé est capable de catégoriser, maintenant, grâce à son expérience, il va être en mesure de prendre en compte plus de critères et surtout il sera capable de justifier ses regroupements. Par exemple, il va associer le chien avec la niche, la laisse et la gamelle car ces différents éléments sont presque toujours associés. Il regroupe des éléments qui dans la vie quotidienne se présentent ensemble. Il peut aussi s’appuyer sur une suite temporelle : les repas sont généralement composés d’une entrée, d’un plat et d’un dessert sucré. Le repas peut donner lieu à une catégorisation des types de repas en notant la variation d’un élément : repas ordinaire, repas d’anniversaire, repas de Noël… La séquence entrée – plat – dessert est toujours la même, mais les aliments qui la composent sont propres à chacun des repas : le gâteau avec bougie n’apparaît que lors d’un repas d’anniversaire.


Selon les objets à catégoriser, selon qu’ils sont plus ou moins familiers à l’enfant, ce dernier pourra parfois dès 4 ans réaliser des catégories plus abstraites comme par exemple celles qui portent sur des animaux. Le chien qui était jusqu’alors rangé avec ses accessoires est maintenant placé avec d’autres animaux. Jusqu’à 6-7 ans différents types de catégorisation peuvent coexister : catégorisation perceptive (regrouper les éléments selon leur couleur par exemple), thématique (association spatiale, comme le chat et la balle), temporelle (séquences, comme le repas) et les catégorisations logiques (les animaux, les plantes…).
La catégorisation est très dépendante de l’expérience et du langage. Si on demande à des enfants quel animal représente le mieux la catégorie « animaux », il y a peu de chance qu’ils répondent singe ou crocodile. Du moins dans nos pays. De même, la pomme est le meilleur représentant de la catégorie « fruits » que la fraise. La familiarité joue un rôle évident dans la catégorisation. La construction de catégories sera d’autant plus riche que l’enfant aura une expérience variée et qu’il sera confronté à une grande diversité de choses, précisément nommées. Au départ, les catégories construites par l’enfant contiennent peu d’éléments. Petit à petit elles s’enrichissent des nouveaux objets et nouveaux mots que l’enfant rencontre.

Quand on demande aux petits de classer des jetons (« mettre ensemble ce qui va bien ensemble ») ils n’y parviennent pas ou alors ils ont beaucoup de difficulté à utiliser deux critères à la fois (couleur ET forme). Le changement de critère en cours d’activité est fréquent. L’enfant peut regrouper les jetons bleus d’abord, par opposition aux autres couleurs, mais ensuite prendre en compte la forme (tous les ronds ensemble, tous les carrés…) en « oubliant » la couleur. À 5 ans, les enfants ont généralement résolu ce problème. Et à partir de 6 ans, ils sont capables de tenir compte des différents critères simultanément (couleur, forme et taille par exemple).
Catégoriser comporte une autre difficulté : comprendre que les catégories sont toutes incluses les unes dans les autres et qu’elles entretiennent des relations hiérarchiques. Face à un bouquet composé de trois roses et six marguerites, les enfants sont très tôt capables de dire que les roses et les marguerites sont des fleurs et qu’il y a plus de marguerites que de roses. Mais lorsqu’on leur demande s’il y a plus de marguerites ou plus de fleurs, ils ne comprennent pas la question et la simplifient en comparant les roses et les marguerites, ce qui les conduit invariablement à dire qu’il y a toujours plus de marguerites. Vers 6 ans ils ont enfin compris que les marguerites doivent être comparées à l’ensemble des fleurs (donc roses + marguerites) et que ce sont donc ces dernières les plus nombreuses.

Il existe de nombreuses manières de catégoriser. Les premières catégorisations sont basées sur la perception. Avec le temps, les critères seront plus nombreux (couleur, forme, taille, propriétés spécifiques…) et des caractères plus abstraits seront pris en compte. Pour favoriser ces capacités, on peut pratiquer des jeux de catégories où le changement de critère oblige l’enfant à réorganiser sa pensée. Des animaux (lapins, poules, pintades, canards, vaches, moutons, chèvres…) peuvent ainsi être tantôt rangés dans la catégorie « animaux » (opposée aux plantes, moyens de transport, aliments…), tantôt dans la catégorie « fait partie de la ferme » qui comprend non seulement les animaux, mais tout ce qui constitue l’univers de la ferme. Ils peuvent aussi être subdivisés en animaux à plume, animaux à poil ou à deux pattes et à quatre pattes.