Fiches pratiques du parent

La pensée

La pensée de l’enfant s’appuie sur les représentations du réel (images), mais elle manque encore de puissance pour être générale et réaliser des raisonnements qui n’apparaîtront qu’après 6 ans. Comme dans ses dessins où le corps humain se projette dans de nombreux motifs, l’enfant a tendance à attribuer à l’homme la responsabilité de nombreux phénomènes, tout comme il prête aux éléments physiques des propriétés humaines. Ainsi à 3-4 ans, les enfants pensent que les montagnes ont été créées par les hommes, tout comme les lacs ont été creusés par eux. Les nuages sont vivants puisqu’ils se déplacent dans le ciel, comme nous sur terre, et le soleil se couche parce qu’il est fatigué.

On a longtemps pensé qu’avant 7 ans, l’âge de la « grande » école, les enfants ne pouvaient pas raisonner logiquement. Il est certain que leur pensée s’appuie beaucoup sur des croyances, mais cela ne veut pas dire pour autant qu’aucune logique ne sous-tend leur compréhension du monde. Si l’on prend l’exemple d’une croyance très répandue, celle du Père Noël, on constate que les enfants s’appuient certes sur les allégations des adultes. Et pour un jeune enfant, ce que disent les adultes et en particulier les parents, est une vérité incontestable. Toutefois, ils vont trouver dans la réalité des éléments qui confortent cette croyance : la présence réelle du Père Noël rencontré lors de sorties, la découverte de cadeau au pied du sapin dont la provenance ne peut être explicitée. Certains parents vont même renforcer la croyance par une mise en scène (on laisse à manger au Père Noël et aux rennes, et le matin, les provisions ont disparu). Les petits sont donc capables de mettre en relation de manière parfaitement logique des croyances et des faits qui la confortent. Bien sûr, certains événements vont remettre en question cette croyance : plus ils seront âgés, plus ils seront sensibles à des indices discordants (un cadeau mal caché sera découvert plusieurs jours avant Noël, la cheminée est trop petite pour laisser passer un homme, la hotte ne peut contenir qu’un nombre insuffisant de jouets pour tous les enfants, des enfants plus grands disent que le Père Noël n’existe pas…). Peu à peu (vers 6-7 ans), le mythe s’effondre.

Confrontés à des dispositifs dont le fonctionnement obéit à des enchaînements de causalité, les enfants de 4 ans sont tout à fait capables de repérer les régularités et la succession des événements qui leur permettront de mettre en route ce dispositif (une boîte qui s’allume quand on place dessus un cube d’une certaine couleur). Autrement dit, ils sont capables de faire des inférences causales certes limitées à un dispositif qui leur a été présenté auparavant, mais dont ils déduisent par eux-mêmes les propriétés en observant son fonctionnement et ses variations (ils observent la probabilité d’obtenir la boîte allumée selon la couleur du cube posé dessus, une couleur entraînant plus souvent le résultat attendu).

On a souvent dit que la pensée de l’enfant était égocentrique, c’est-à-dire qu’il jugeait le monde environnant à partir de son seul point de vue et qu’il a beaucoup de mal à prendre en considération différents points de vue sur une même réalité. Mais cet égocentrisme n’a rien de systématique. Par exemple ils sont capables de retrouver un objet dont la cachette a été tournée à 90° dès 4 ans. Ils tiennent compte des indices propres aux objets pour se repérer alors que les enfants plus jeunes ne tiennent compte que de leur point de vue sans tenir compte de la rotation de la cachette (ils cherchent l’objet au même endroit qu’ils l’ont caché avant la rotation). La pensée de l’enfant à partir de 4 ans est capable de flexibilité. Ainsi une éponge qui ressemble à un caillou est conçue à la fois comme une vraie éponge et ressemblant à une pierre. Les enfants de 3 ans, à qui on a expliqué de quoi il s’agissait ne voient qu’un caillou.