Fiches pratiques du parent

Le sommeil

Entre 3 et 6 ans, les enfants ont besoin d’un sommeil en quantité suffisante et de bonne qualité. Sa durée doit être comprise entre onze et douze heures, sieste incluse. Plusieurs raisons justifient ce besoin. L’hormone de croissance est secrétée dans la première partie de la nuit lors des phases de sommeil lent profond (avant 23 heures). Un enfant qui se couche tard n’en bénéficiera donc pas. Mais quel que soit l’âge, la croissance ne se fait que la nuit, en position allongée.

Le sommeil permet la mémorisation et la consolidation des apprentissages. C’est particulièrement pendant le sommeil lent que ce processus a lieu. Les phases de sommeil paradoxal sont celles où se produisent les rêves et elles jouent aussi un rôle dans la mémorisation. Ce type de sommeil se répète à plusieurs reprises au cours de la nuit (six fois en moyenne). Elle se traduit par une intense activité électrique du cerveau, des mouvements des yeux qui restent fermés et l’absence de tout tonus dans les membres. La durée de ces phases est en moyenne de 10 à 15 minutes et elle augmente au cours de la nuit. Si cette dernière est trop courte, l’enfant n’aura pas le nombre suffisant de phases de sommeil paradoxal qui joue aussi un rôle dans la myélinisation des nerfs. Or cette propriété est capitale pour permettre la conduction de l’influx nerveux, autrement dit le bon fonctionnement du système nerveux.

Une bonne qualité de sommeil implique que le contexte soit favorable ; l’absence de bruit est primordiale. Mais un bon environnement matériel ne suffit pas à garantir un bon sommeil. Un sommeil perturbé comme un endormissement difficile ou des réveils nocturnes, peuvent constituer des symptômes liés à une souffrance psychologique sur laquelle l’enfant ne peut pas encore mettre de mots. Un climat familial tendu, des parents peu disponibles, des difficultés à l’école, la peur de rester seul dans le noir… sont des motifs qui peuvent expliquer des troubles du sommeil. Il est essentiel qu’ils ne s’installent pas. Plus on intervient tôt, plus les choses rentreront vite dans l’ordre. Le refus d’aller se coucher est souvent perçu comme un caprice ou un chantage alors que le plus souvent il s’agit d’un signe d’anxiété.

Que faire lorsqu’un enfant refuse de dormir ou se réveille la nuit ? Il faut d’abord essayer de trouver la cause. Bien qu’il sache parler, il ne sera pas forcément en mesure de dire ce qui le perturbe. C’est donc aux adultes d’analyser ce qui se passe. On ne trouve pas toujours ! L’essentiel est de rassurer l’enfant. Lui lire une histoire, s’allonger près de lui, lui parler calmement, faire des petits massages… sont souvent efficaces. L’enfant aux prises avec l’anxiété, bien qu’il puisse mieux se contrôler que lorsqu’il était bébé, ne doit pas être laissé seul aux prises avec cette émotion que son immaturité ne lui permet pas de réguler encore de manière autonome. L’erreur consiste à penser que maintenant l’enfant est grand, qu’il doit s’endormir seul et que son refus relève du caprice. Si cela arrive parfois, on ne peut banaliser des difficultés persistantes qui peuvent amener à consulter.

La durée du sommeil n’est pas la même pour tous. Un petit dormeur n’aura pas forcément besoin de faire la sieste. Il pourra même se coucher un peu plus tard pour éviter les longues périodes de réveil en milieu ou fin de nuit. Là encore il faut à tout prix éviter les rapports de force. Être ferme sur l’heure du coucher ne veut pas dire être rigide. Mais quelles que soient les difficultés rencontrées, le lit ne peut être en aucun cas associé à une punition.

Les cauchemars peuvent être fréquents jusqu’à 6 ans. Ils font partie de la vie psychique nocturne de tous les êtres humains. Cela n’implique pas de ne rien faire. L’enfant qui se réveille en pleine nuit à cause d’un cauchemar se sent vraiment mal et il a besoin d’être rassuré. Le fait d’en parler à l’adulte qui protège est déjà un bénéfice. Si les cauchemars deviennent fréquents, ils doivent être compris comme un signe témoignant d’une souffrance, d’une anxiété qui ne peut s’exprimer autrement. Attention à la télévision et en particulier aux actualités qui offrent des images dont la violence n’est pas assimilable par les plus jeunes. Les événements graves (comme les attentats) passent en boucle et le discours répétitif peut amplifier l’angoisse provoquée par des événements incompréhensibles mais dont la violence est parfaitement ressentie.

Les terreurs nocturnes sont différentes des cauchemars car l’enfant reste endormi (même s’il a les yeux ouverts) pendant cet épisode où il est totalement envahi par la peur et insensible aux gestes et paroles des parents venus pour le réconforter. La seule chose à faire est de veiller à ce que l’enfant ne se fasse pas mal et l’aider à se recoucher. Il ne faut surtout pas chercher à le réveiller. L’enfant se trouve en pleine confusion et le risque est de favoriser l’installation durable de troubles du sommeil. Au réveil, il ne se souvient de rien. Inutile donc d’en parler. Ce phénomène concerne principalement les petits entre 3 et 6 ans et survient généralement au cours des premières heures de sommeil.