Fiches pratiques du parent

Moi et les autres

À savoir

  • C’est entre 2 et 3 ans que l’enfant commence à avoir conscience de son identité, c’est-à-dire de sa différence et de sa singularité par rapport aux autres. Cette longue construction débute par une conscience de soi au niveau corporel.
  • On a longtemps pensé que le bébé ne faisait pas la différence entre lui et le monde extérieur. On sait aujourd’hui que cela est faux. Il ne réagit pas de façon identique à une même stimulation selon qu’elle a été produite par lui ou par autrui.
  • La perception de ses propres mouvements joue également un rôle essentiel dans la perception de soi (au niveau du schéma corporel). Toutefois, on ne peut pas dire qu’au cours de la première année de la vie le jeune enfant a une claire conscience de lui et qu’il est complètement différencié des autres.
  • Au cours des premiers mois, lorsqu’il se trouve en interaction avec autrui (adulte ou enfant), le bébé aura tendance à ressentir ce que l’autre éprouve. Ce partage émotionnel est indispensable pour le développement de la communication. Il lui permet, par ailleurs, de donner du sens à ses sentiments puisque l’adulte exprime, en retour, l’émotion ressentie par l’enfant.
  • La différenciation passe par la reconnaissance progressive des émotions complémentaires : ainsi lorsqu’il s’aperçoit, à un moment donné, qu’un autre enfant est beaucoup plus actif que lui, il se retrouve spectateur mais il ressent, en même temps, ce que ressent l’autre enfant comme si lui aussi s’activait. Même chose pour celui qui s’agite : il est fasciné par celui qui le regarde. À ce moment-là (avant 1 an), les enfants n’existent que l’un par rapport à l’autre et ils devront apprendre à se situer : on ne peut pas être à la fois acteur et spectateur !
  • À la fin de la première année peuvent apparaître  les premières manifestations de jalousie. Elles ne sont pas du tout appréciées par les adultes et, comme pour les manifestations agressives, l’objectif est de les réduire, voire de les faire disparaître. Si ces manifestations sont perçues négativement, elles jouent pourtant un rôle essentiel dans la construction de l’identité. Car être jaloux, c’est observer que l’autre reçoit des gratifications (un cadeau, un câlin) et vouloir être à sa place. C’est ne pas supporter d’être simplement spectateur du bonheur d’autrui. Ce qui traduit la persistance d’une confusion entre les enfants, faute d’une identité clairement définie. Cette relative confusion peut se retrouver chez l’adulte jaloux, même si, par ailleurs, il a une claire conscience de son identité. La sympathie procède du même principe mais dans sa version positive. L’enfant qui admire quelqu’un, ou qui en console un autre, se « met à la place » de l’autre. Cette fois, le bien-être d’autrui n’engendre pas de la frustration mais du plaisir.
  • Vers 2 ans et demi, 3 ans, l’enfant affirme son identité de la manière la plus élémentaire qui soit : en s’opposant. Les refus, rares auparavant, deviennent parfois systématiques. Cela ne signifie en rien le rejet des parents. L’enfant n’a aucune volonté de les agresser, mais seulement le besoin de montrer que, maintenant, il est clairement différencié des autres.
  • La conscience de soi se traduit notamment par l’utilisation du « moi » puis du « je » et aussi par sa reconnaissance dans le miroir. Jusqu’à 18 mois, l’enfant placé face à un miroir se comporte comme s’il voyait un autre enfant. Il communique avec son image comme il le fait avec un partenaire de jeu. Peu à peu, il va s’étonner de la manière dont « l’autre » répond. Cela signifie que l’enfant est sensible à la similitude : il va passer beaucoup de temps à regarder sa propre main et son reflet. Même chose pour les autres membres et les vêtements. Puis, il va faire des grimaces, mettant ainsi en correspondance ce qu’il ressent au niveau du visage et ce qu’il voit dans la glace. Peu après, une réaction curieuse apparaît : il refuse de se placer devant un miroir et, si on l’y oblige, il semble mal à l’aise, gêné. Le regard est fuyant. Cette période précède immédiatement celle où l’enfant pourra enfin dire « c’est moi ! ». Les comportements de malaise reflètent l’incertitude de l’enfant qui est en train de découvrir que celui qu’il voit dans la glace est « un autre pas comme les autres ».

Conscience de soi
Comment savoir si et quand le bébé fait la différence entre lui et les autres ? Dans quelle mesure a-t-il conscience de son propre corps ? Pour répondre à cette question, on a comparé les réactions des bébés dont un chercheur touchait la joue et ceux qui se touchaient eux-mêmes fortuitement la joue avec leur main. Le mouvement de tête du bébé dans la direction de la  stimulation est près de quatre fois plus fréquent lorsqu’elle a été produite par une autre personne. Il s’accompagne de mouvements des lèvres et de succion à vide.

Conseils pratiques

  • Le développement de la personnalité de l’enfant est étroitement lié à l’attitude des parents. Leur objectif premier est de rendre l’enfant autonome. Mais cette autonomie n’est possible que si elle s’appuie sur un attachement, lui-même basé sur le respect de l’enfant considéré comme une personne à part entière, avec des besoins spécifiques et qui changent avec le temps.
  • Les besoins ne font pas uniquement référence aux soins de base (nourriture, toilette, régulation de la température) et à la manière dont ils sont assurés (ajustement en termes de rythme, d’adéquation et de régularité), mais aussi aux exigences psychologiques (échanges affectifs chaleureux, harmonieux ; activités partagées dans des domaines variés ; socialisation progressive).
  • Autre facteur bénéfique pour le dévelop pement de la personnalité : la fréquentation des pairs. La confrontation avec d’autres enfants, de même âge ou non, offre une diversité d’individualités qui favorise également la sociabilité et l’aisance avec les différents partenaires sociaux.
  • Lors de la crise d’opposition, le risque est d’entrer dans un rapport de forces qui sera préjudiciable si les refus de l’enfant sont pris « au pied de la lettre ». L’enfant doit être amené à comprendre qu’il a le droit d’exprimer des désirs en contradiction avec ceux des adultes, et que tous ne sont pas réalisables. En justifiant les refus, l’accent sera mis sur le respect de l’autre.
  • La manière la plus sûre de savoir si un enfant se reconnaît dans le miroir est de lui faire une tache colorée sur la joue sans qu’il s’en rende compte. Une fois devant le miroir, s’il touche sa joue (et non la glace), c’est qu’il a compris ! Ils en sont capables, en moyenne vers 2 ans.