Fiches pratiques du parent

L’imitation

À savoir

  • L’imitation est déjà présente chez le nouveau-né. Quand on ouvre la bouche ou tire la langue à un bébé, ce dernier est capable de reproduire les mêmes mouvements. Il faut qu’il soit bien réveillé, attentif et que son visage soit face à celui de l’adulte à une trentaine de centimètres.
  • Si cette imitation a quasiment disparu vers trois mois, c’est parce que le bébé a découvert beaucoup plus intéressant à imiter : les mouvements vers le corps, comme porter la main au visage, et les vocalisations.
  • Cette capacité précoce à imiter traduit une prédisposition pour s’ajuster et comprendre les propriétés des êtres humains. Elle joue un rôle crucial tant dans le développement intellectuel que social.
  • Grâce à l’imitation, le jeune enfant comprend que les autres sont semblables à lui, et pas seulement physiquement. Il comprend que ces derniers ont une vie mentale, mais il faudra attendre 3 ou 4 ans pour que l’enfant sache décrire le contenu des pensées et des savoirs de son interlocuteur.
  • On a longtemps cru que l’imitation était impossible pour le bébé, car on ne pouvait expliquer comment il parvenait à faire le lien entre ce qu’il voit et les mouvements de son propre visage, qu’il ne connaît évidemment pas visuellement. Or cette connexion est innée et est au service de l’empathie, qui permet de ressentir immédiatement les émotions exprimées par autrui.
  • En voyant le mouvement de langue, de bouche ou d’yeux sur le visage de l’adulte, le bébé peut immédiatement associer les informations visuelles à l’expérience motrice des mouvements servant de modèles. C’est pour cette raison que seuls des mouvements connus et produits antérieurement peuvent être imités.
  • L’imitation est en rapport étroit avec les émotions. L’adulte et le bébé partagent un ressenti commun. L’adulte est ravi de voir un si jeune bébé répondre ainsi à ses messages. Il est encouragé à maintenir l’échange, à poursuivre la conversation, ce qui incite à son tour le bébé à rester en contact visuel avec la personne. La première fonction de l’imitation est la communication. On la retrouvera entre enfants, vers 2 ans et demi et 3 ans.
  • Dès 7 mois, on peut repérer des réactions spécifiques chez les petits au fait d’être imités. Et trois mois plus tard, ils étudient les effets des changements (d’action, de rythme…) sur l’imitateur.

Conseils pratiques

  • L’imitation a été et reste encore dévalorisée. Peu d’adultes sollicitent des imitations de la part de leur bébé, sauf dans le cas des apprentissages puisqu’il s’agit de la seconde grande fonction de l’imitation. Or le bébé apprécie d’être imité, cela lui permet de constater qu’ils ont un pouvoir d’influence sur l’autre. On ne peut donc que recommander de mettre en place des jeux d’imitation fréquents où l’adulte alterne les rôles de modèle et d’imitateur. L’enfant, alternant lui aussi les rôles d’imitateur et d’imité, apprend à la fois la synchronie (faire la même chose en même temps) et l’alternance des rôles (imitateur et imité), indispensable dans toute communication.
  • Il est plus facile d’obtenir un sourire qu’une imitation de la part du bébé. Mais quand on sait que le bébé est capable d’imiter, alors on peut le solliciter lorsqu’il est bien éveillé. Les mouvements de bouche et d’yeux sont les plus faciles à obtenir.

L'impact de l'humeur maternelle sur le bébé
Au cours de la première année, le bébé, faute de langage, communique à l’aide de gestes, postures et mimiques. Les adultes lui répondent en utilisant beaucoup plus le registre non verbal qu’ils ne le font avec des sujets parlants. L’imitation du bébé par l’adulte occupe une place très importante dans les communications mère-bébé. Les mères souffrant de dépression ne  communiquent pas avec leur bébé de la même manière que les mères non déprimées. En particulier quand elles commentent l’état de leur enfant (il a faim ; il est content ; il veut jouer…), elles n’utilisent pratiquement pas le parler bébé et, surtout, elles ne l’imitent quasiment jamais. Quand on présente au bébé, via un écran de télévision, sa mère qui répond de façon désynchronisée – par un retard de ses réponses aux signaux émis par le bébé –, ceux qui ont une mère non déprimée réagissent très mal à cette situation. En revanche, les bébés dont les mères souffrent de dépression se contentent de détourner le regard. On peut alors penser que l’imitation du bébé par le parent joue un rôle essentiel dans la perception et la compréhension de la synchronie, indispensable dans l’organisation de toute communication.