Fiches pratiques du parent

La différence des sexes

Elle se construit d’abord dans une première phase qui va de la naissance à 6 ans.

L’appartenance de sexe est une composante fondatrice de l’identité individuelle et sociale. Elle n’est pas uniquement déterminée par le sexe biologique, anatomique. Elle dépend largement des stéréotypes et des rôles attribués à chaque sexe dans une culture donnée. Dès la naissance, les petits garçons et les petites filles ne sont pas traités, nourris, manipulés, portés de la même façon que les garçons. Le choix des jouets, les couleurs des vêtements, l’implication dans des activités et des tâches particulières, sont des éléments qui concourent à forger l’identité de genre. Les parents constituent les premiers modèles sur lesquels les enfants s’appuieront sans en être conscients. Mais les parents ne sont pas les seuls modèles auxquels ils sont confrontés. D’autres adultes, d’autres enfants joueront aussi ce rôle. Sans oublier les médias qui à travers les publicités, les dessins animés et les films vont avoir une influence de plus en plus forte.

L’égalité de traitement filles-garçons par les adultes, qu’ils soient parents ou éducateurs est une illusion. Lorsqu’on interroge des enseignants par exemple, ils jurent ne pas faire de différences et pourtant les observations montrent le contraire. Les activités calmes, manuelles, faisant référence plus ou moins directement aux tâches domestiques sont systématiquement proposées aux filles, tandis que les garçons se voient incités à se livrer à des jeux moteurs et de compétition.

Les différences entre garçons et filles font l’objet de questions parfois anxieuses quand l’enfant, vers 3-4 ans découvre que l’anatomie de son corps n’est pas identique à celle d’autres enfants. À l’âge où l’imitation est encore présente, où les enfants ont encore besoin, pour se construire, d’être rassurés sur le fait qu’ils sont comme les autres, cette différence vient comme un obstacle dans la construction de son identité. Son dépassement dépendra notamment des réponses que les adultes apporteront. Il est essentiel que l’enfant soit valorisé dans son propre sexe sans pour autant dévaloriser l’autre. Il n’est pas mieux d’être un garçon ou une fille, même s’il est banal que l’appropriation de l’identité sexuée passe par le rejet de l’autre sexe : les filles disent que les garçons sont méchants, et ces derniers disent que les filles sont bêtes… C’est une façon élémentaire de se différencier et ces jugements simplistes disparaîtront par la suite pour faire place à des critiques plus nuancées.

Il arrive que des enfants ne se sentent pas à l’aise dans leur corps anatomiquement féminin ou masculin. Au contraire de la majorité, ils perçoivent leur identité comme étant celle de l’autre sexe. Les causes de ce phénomène sont encore inconnues. Cette dysphorie de genre est envisagée d’un point de vue psychopathologique plus comme une souffrance corporelle qui entraîne une grande souffrance chez les enfants qui la ressentent.

Les questions sur la sexualité font leur apparition et sont souvent source d’embarras pour les adultes. Il est normal que les enfants s’interrogent à ce sujet, comme ils le font pour tous les autres domaines. Là aussi, les réponses les plus simples sont les meilleures. Ce n’est pas d’un cours d’anatomie dont l’enfant a besoin. Il demande surtout à être rassuré sur les relations entre hommes et femmes. Inutile de lui raconter des histoires, les sources d’informations sont suffisamment nombreuses pour qu’il finisse par apprendre la vérité. Il en déduira qu’il doit se débrouiller seul dans ce domaine et qu’il ne peut faire confiance à ses parents.
Une information doit impérativement être transmise : l’enfant doit savoir que son corps n’appartient qu’à lui et qu’il doit toujours dire ce qu’il ressent s’il a été mal à l’aise lors d’un contact avec un adulte ou un enfant plus âgé. À l’heure où les enfants entendent souvent parler à la télévision d’adultes coupables de comportements répréhensibles à l’égard d’enfants, il convient à la fois de rassurer – la majorité des adultes n’a pas de mauvaises intentions – et aussi de prévenir : il ne faut jamais suivre ou accepter quelque proposition que ce soit d’une personne inconnue.