Fiches pratiques du parent

Les relations entre enfants

Dès les premières années de vie, les enfants manifestent de l’intérêt les uns pour les autres et sont capables d’avoir des initiatives pour communiquer.

Les interactions entre enfants s’appuient sur des compétences qui se développent au cours des deux premières années, autrement dit qui se construisent à l’origine avec les parents. La régulation des émotions, la capacité d’attention conjointe, la prise en compte des messages émis par le partenaire et l’inhibition de l’impulsivité sont d’abord mises en place avec l’aide des adultes. Les enfants ont absolument besoin de cet apprentissage pour pouvoir ensuite mettre en œuvre ces compétences lorsqu’ils communiquent avec d’autres enfants. Les enfants très timides, renfermés, qui ont des difficultés à aller vers les autres ont tendance à provoquer un rejet de la part des autres enfants. L’aide d’un adulte pour faciliter l’intégration dans des groupes de jeux peut s’avérer nécessaire. De même, les enfants agressifs ne pourront changer de comportement que si leurs échanges avec les autres enfants sont régulés par des adultes. Les enfants agressifs ont tendance à se regrouper, ce qui risque d’entraîner un renforcement de la violence comme mode d’interactions sociales. Les adultes doivent être très vigilants et ne pas banaliser ou minorer les manifestations agressives à l’égard d’autres enfants, plus timides, moins sûrs d’eux. Ces derniers n’osent se plaindre et leur comportement inhibé ne pourra être que renforcé face à de tels partenaires. L’aide apportée par les adultes concerne autant les agresseurs que les victimes. Elle est indispensable.

Les échanges positifs sont largement majoritaires et les manifestations agressives ou conflictuelles nettement minoritaires, quel que soit l’âge. Plus précisément, les comportements qui montrent un intérêt pour les autres, augmentent entre 1 et 5 ans, avec bien sûr, un net accroissement des échanges par le biais du langage. Toutefois, la vie en collectivité, de plus en plus fréquente, souligne les différences interindividuelles en matière d’adaptation aux compagnons de même âge. Tous n’ont pas les mêmes compétences, ni les mêmes caractéristiques en matière de comportement social. Dès 4 ans, une proportion non négligeable d’enfants est déjà en difficulté. Ils font l’objet d’un rejet ou d’un harcèlement.

L’utilisation plus aisée du langage va transformer les modalités d’échanges des enfants entre eux. Les manifestations agressives, fréquentes entre 2 et 3 ans, diminuent considérablement entre 3 et 5 ans. La compétence sociale ne dépend pas que du langage, mais ce dernier joue un rôle indéniable dans la régulation des échanges entre pairs. Les enfants qui ont un moins bon niveau de langage peuvent avoir tendance à compenser leurs difficultés à se faire comprendre par des conduites agressives.

La richesse des expériences sociales est un facteur décisif pour la compréhension des états émotionnels d’autrui, compréhension indispensable à l’établissement des relations harmonieuses avec autrui. Il est donc important que les petits aient des opportunités de rencontrer des personnes variées dans des contextes différents. Les expériences sociales diversifiées peuvent seules permettre aux enfants de constituer des connaissances relatives aux conduites émotionnelles et sociales d’autrui, et notamment celles des pairs.

C’est au cours de ces années que se développent les habiletés sociales indispensables pour établir des relations amicales. Avant 3 ans, les relations privilégiées entre deux enfants peuvent se rencontrer, mais c’est ensuite que l’on peut véritablement parler d’amitié, souvent sous forme de lien entre deux enfants de même sexe. Les deux enfants partagent leurs jeux, et ont parfois du mal à intégrer d’autres camarades dans leurs jeux. L’amitié à cet âge est basée sur la communication : on joue bien avec un partenaire avec lequel on communique bien. C’est la base des habiletés sociales : être capable d’exprimer ce qu’on ressent, s’intéresser à l’autre, lui poser des questions… Mais cela ne suffit pas, il faut aussi comprendre ses émotions, celles des autres, en contrôler certaines (agressivité, frustration), accepter de ne pas toujours gagner. Enfin la coopération, difficile chez les plus jeunes, se met en place progressivement afin de permettre la prise en compte du point de vue de l’autre et la réalisation d’objectifs communs.

Les modes de garde ont un effet sur la socialisation des jeunes enfants. Des enfants qui ont régulièrement fréquenté la crèche sont plus à l’aise et plus sociables à l’école maternelle que ceux qui ont été principalement voire exclusivement gardés par leur mère. Les comportements sociaux positifs sont plus fréquents (imitations, dons d’objets, sollicitation, participations aux jeux…). Mais il y a aussi des différences entre enfants gardés en crèche et ceux qui ont été accueillis par une assistante maternelle. Ce dernier mode de garde semble le plus favorable sur différents aspects : autonomie, socialisation, langage. Quoi qu’il en soit, les exigences et les caractéristiques de l’école maternelle impliquent pour tous les enfants une nouvelle adaptation. La taille du groupe et la présence d’un seul adulte en particulier constituent un changement notable qui nécessite le développement de nouvelles compétences. Celles-ci dépendent seulement en partie des expériences collectives antérieures. La qualité des relations avec les parents et en particulier la mère, constitue un facteur capital dans l’adaptation à ce nouveau milieu. Si celle-ci est réticente à se séparer de son enfant, si elle ne fait pas totalement confiance à la structure d’accueil (école, centre de loisirs, jardin d’enfants), l’enfant le ressentira et aura du mal à s’intégrer au groupe, ressentant la détresse d’être séparé de la mère jusqu’à son retour.
Les comportements sociaux à l’égard des autres enfants sont influencés par différents facteurs au premier rang desquels la qualité de l’attachement qui s’est tissé avec les parents. Un attachement sécurisant permet à l’enfant d’établir des relations harmonieuses avec autrui. Des événements peuvent avoir une incidence négative comme la séparation des parents, un deuil, un déménagement… Après une phase transitoire qui peut se traduire par des comportements de repli, le refus de jouer ou un rejet plus ou moins agressif des autres, si l’enfant a un bon soutien familial, il reprendra des relations apaisées avec ses camarades.