Fiches pratiques du parent

La régulation émotionnelle

La maturation du cerveau permet un meilleur contrôle des émotions dont l’expression est désormais facilitée par le langage. Leurs manifestations sont moins frustes, même si elles peuvent encore paraître un peu disproportionnées par rapport aux motifs qui les ont provoquées.

La colère entre deux et trois ans peut commencer à être utilisée par l’enfant dans un but de contrôler l’autre, de le soumettre à ses désirs. Encore une fois, c’est aux adultes d’empêcher l’enfant d’utiliser ce moyen de pression en lui faisant comprendre qu’il ne peut se comporter en tyran au risque d’être rejeté par tous. À 3 ans l’imitation occupe encore une place importante dans la communication entre enfants. La colère peut accompagner de nombreux conflits déclenchés par la possession de jouets. Ils peuvent être évités en s’assurant qu’il y a autant d’exemplaires du même objet qu’il y a d’enfants, sachant qu’à cet âge les interactions se font le plus souvent à deux ou à trois.

Si la colère, comme toute émotion, est légitime et ne doit pas être niée, elle ne doit pas se manifester par des comportements agressifs : menaces, insultes, hurlements, coups, morsures. Entre 3 et 6 ans, l’enfant doit passer à un autre mode d’expression de la colère, essentiellement verbale. Le débordement, source d’anxiété, sera canalisé par les parents qui poseront des limites. Car la colère peut vite devenir un moyen de pression et de chantage sur l’entourage : en accédant à ses exigences, la colère cesse et l’enfant comprend qu’il peut obtenir ce qu’il désire par ce biais. La punition n’est certainement pas la solution à adopter. L’explication du refus est beaucoup plus efficace et favorisera le développement de comportements plus adaptés en cas de frustration par exemple. Les enfants sont très sensibles à l’injustice. Si leur colère est motivée par un motif qu’ils jugent légitime, elle sera renforcée s’ils sont blâmés. C’est à l’adulte d’être un bon juge : l’enfant est-il réellement victime d’un autre ou bien cherche-t-il à manipuler son entourage pour assouvir tous ses caprices ? Dans tous les cas, une réponse s’impose. Les enfants qui s’enferrent dans la colère, qui présentent de nombreux épisodes sont des enfants en souffrance. Il faut donc en chercher la cause, qui est parfois le manque de limites et de réponses appropriées des parents.

La peur est une émotion ressentie par tous les enfants. En plus des éléments réels (l’obscurité, certains animaux, le tonnerre…), la peur peut être alimentée par l’imagination de l’enfant (monstres, sorcières, animaux fantastiques…). L’expression de ces peurs ne doit pas être prise à la légère. Répondre à l’enfant que ça n’a pas d’importance, qu’il doit apprendre à contrôler sa peur est incompréhensible pour lui. Cela revient à dénier ce qu’il ressent. Inversement, l’acquiescement à toutes les peurs exprimées risque de conforter ses angoisses.
Il existe cependant des situations normalement anxiogènes, comme la visite chez le médecin ou le dentiste. Là aussi, pas question de minimiser la peur. Au contraire, il faut expliquer qu’il est normal d’avoir peur de la douleur, mais que celle-ci n’est pas inévitable. On peut aussi faire suivre cette visite d’un moment agréable et la promesse de cet événement permettra à l’enfant de moins se focaliser sur ce qui lui fait peur.

Les adultes constituent des modèles pour les enfants et les comportements de ces derniers se calquent sur eux, sans que cette imitation soit consciente et encore moins délibérée. Un parent qui a peur de l’orage risque fort de transmettre sa peur s’il tremble et se cache au moindre coup de tonnerre. Il en est de même pour les autres émotions : un parent qui se met souvent en colère offre ce modèle de comportement et il ne sera pas étonnant que son enfant soit colérique, puisqu’il a appris que c’était un mode de réaction habituel.
Comment faire pour que l’enfant puisse dépasser ses peurs ? Le moyen le plus efficace pour rassurer est de procéder à une inspection des lieux si l’enfant est persuadé que des dangers s’y cachent : on regarde sous le lit, on ferme bien la fenêtre, on ouvre les placards. Le simple fait d’interroger l’enfant sur ses peurs, de lui permettre d’en parler et de le rassurer, suffit parfois à le tranquilliser. La présence d’une veilleuse peut s’avérer utile. Il faut la proposer même si l’enfant ne la demande pas. Il n’y a peut-être pas pensé ou bien il n’ose pas demander. On peut aussi l’aider à vaincre ses peurs en développant avec lui des jeux d’imagination dans lesquels il est fort et vient à bout des monstres qu’il rencontre. Cela renforcera la confiance qu’il aura en lui. Paradoxalement les histoires qui font peur rencontrent un franc succès auprès des petits. Leur lire ce genre d’histoire n’est pas dommageable, au contraire, car les événements et les personnages terrifiants sont présentés dans un contexte rassurant. Après avoir ressenti le frisson de la peur, l’enfant non seulement apprend que l’on peut vaincre des dangers, mais il est aussi soulagé car il sait faire la différence entre fiction et réalité, même si leurs frontières s’estompent pendant la lecture de l’histoire. Les adultes eux-mêmes font aussi cette expérience !