Fiches pratiques du parent

La télévision

Regarder la télévision occupe une place importante dans les loisirs des enfants. Les adultes y consacrant eux-mêmes beaucoup de temps, il est bien difficile de l’interdire aux enfants. La fréquentation quotidienne de la télévision par les jeunes enfants a créé une culture commune qui est bien souvent en décalage avec la « vraie » vie et notamment celle de l’école. C’est à partir de 3 ans que la différence entre personnes réelles et inventées est en place. Toutefois entre 3 et 6 ans, les enfants confrontés à des images émotionnellement fortes, pourront avoir du mal à établir une claire distinction entre la réalité et l’imaginaire. Si pour nous adultes, les frontières sont bien marquées, ce n’est pas le cas chez les petits. L’expérience de la télévision peut même conduire à une construction très particulière du réel où la mémoire va agréger à la fois des souvenirs d’événements vécus et d’autres seulement vus.

De nombreux adultes considèrent que le petit écran est une source d’informations enrichissantes pour les enfants et qu’il n’y a pas de mal à regarder des fictions ou des dessins animés qui leur sont spécialement destinés. À la rigueur et à deux conditions : que les adultes (au premier rang desquels les parents) regardent les émissions informatives avec l’enfant afin de commenter, expliciter et répondre aux questions de ce dernier ; que le temps d’exposition quotidien soit le plus court possible (quelques minutes).

Hélas, toutes les études montrent les effets négatifs sur le développement de l’enfant de la « boîte à images ». Le niveau de langage et de développement intellectuel est plus élevé chez ceux qui regardent très peu la télévision. Les résultats scolaires sont inférieurs et corrélés au temps passé devant le petit écran. La santé elle-même est affectée puisque la sédentarité favorise le surpoids. Le sommeil et l’attention sont également altérés. Les enfants qui regardent la télévision se couchent plus tard et dorment moins. Cette réduction du sommeil entraîne un moins bon niveau de vigilance à l’école. Les enseignants ont beaucoup de mal avec les enfants le lundi matin car beaucoup ont passé une grande partie du week-end devant un écran. Outre leur rythme veille-sommeil perturbé, ils ont beaucoup de mal à fixer leur attention sur une tâche.

En 2018, 94 % des foyers sont équipés d’au moins un téléviseur. Ce pourcentage est en baisse depuis 2010 (-4 %) au profit d’autres écrans (tablettes, consoles, smartphone).

Quant aux scènes violentes, elles peuvent provoquer des réactions proches d’un traumatisme. L’enfant n’a pas les ressources psychiques pour traiter ces images et s’en protéger. De plus, le fréquent visionnage de films violents est un facteur d’incitation à produire des comportements agressifs. Les enfants s’appuient sur les modèles dont ils disposent et il va de soi que les héros négatifs n’échappent malheureusement pas à la règle. L’imprégnation peut être insidieuse, mais d’autant plus efficace qu’elle est renouvelée.

La télévision ne contribue pas au développement social. Ce dernier ne peut se mettre en place qu’à travers des interactions, les plus riches et les plus diverses possible. Quand on sait que plus de la moitié des enfants disposent d’un téléviseur dans leur chambre, cela signifie qu’ils regardent seuls les programmes.
Parmi les effets négatifs de la télévision, on peut également citer l’inhibition de la curiosité, la limitation des initiatives, l’attente passive, le sommeil perturbé et le risque d’obésité augmenté.

Il ne fait plus aucun doute aujourd’hui que la télévision entraîne essentiellement des effets négatifs chez les enfants (mais aussi sur les adolescents et les adultes). Plus les enfants sont jeunes, plus ces effets sont importants. La meilleure préconisation est donc d’éviter le plus possible entre 3 et 6 ans d’exposer les petits à la télévision, aussi bien en tant que spectateur direct ou indirect (télévision en fond sonore et visuel).
Un enfant qui bénéficie d’échanges harmonieux avec ses parents, qui a une vie sociale équilibrée, des activités variées, ne sera pas affecté de la même manière par les programmes télévisuels que l’enfant livré à lui-même pendant des heures dans un contexte d’une grande pauvreté relationnelle. Un signal d’alarme net est celui du manque. Si les enfants sont incapables de supporter l’absence de télévision, il est impératif de réduire leur temps d’exposition et de mettre en place des activités plus ouvertes sur le monde réel au premier rang desquelles, le jeu. On comprendra que le pire cadeau à faire à un enfant est de lui installer une télévision dans sa chambre. En aucun cas, cette dernière ne remplacera les échanges avec les adultes et avec des compagnons de jeu, ni les activités de découverte et de manipulation, indispensables au développement moteur et intellectuel.
Les capacités d’attention sont altérées par de longues expositions aux écrans. Mais l’école elle-même n’offre pas les meilleures conditions pour que les enfants aient une attention de qualité. L’attention des enfants varie au cours de la journée et au cours de la semaine. Ces aspects ne sont pas du tout pris en compte dans l’organisation des temps scolaires. Les journées sont beaucoup trop longues. La semaine de quatre jours entraîne des ruptures de rythmes trop importantes. Le lundi est la journée la plus difficile car elle survient après deux jours organisés sur un rythme très différent.
En France, les enfants vont à l’école pendant 144 jours. C’est le chiffre le plus bas en Europe. La moyenne est de 184 pour les pays de l’OCDE. En France, les enfants passent 913 heures sur les bancs de l’école contre 634 en Allemagne. De plus, trois journées libres pénalisent encore plus les enfants issus de milieux défavorisés car les parents ne sont pas forcément en mesure de leur proposer des activités adéquates. De nombreuses études ont montré les effets négatifs de cette organisation hebdomadaire mais de nombreux adultes (dont les parents) sont réticents à changer ce mode d’organisation.