Fiches pratiques du parent

Le bébé et les objets

À savoir

Le bébé fait-il le lien entre ses gestes et les effets produits ?

  • Au cours des deux premières années, l’intelligence de l’enfant se développe grâce à la perception et aux actions effectuées sur les objets. Ses différentes modalités sensorielles lui permettent de repérer des régularités, de mettre de l’ordre dans ce qu’il voit, ce qu’il entend ou ce qu’il touche.
  • Dès 2 mois, il est capable de comprendre que son action produit un effet et qu’il est possible de le reproduire. Il savait déjà depuis longtemps que, en mettant son bras dans une certaine position, il pouvait happer ses doigts et les sucer. Il comprendra maintenant qu’en agitant ses jambes il fait, par exemple, bouger le mobile accroché à son berceau.
  • On peut lui apprendre à tourner la tête toujours du même côté s’il est « récompensé » à chaque bonne réponse par de l’eau sucrée.
  • Un peu plus tard, il fera le lien entre ses mouvements et le bruit produit par le hochet, puis il comprendra que la vitesse et la force du mouvement modifient le bruit toujours de la même façon.

Comment comprend-il les propriétés des objets ?

  • À la fin du premier trimestre, le bébé a déjà compris un certain nombre de propriétés physiques caractérisant les objets du monde extérieur. Il sait, par exemple, que les objets continuent d’exister même lorsqu’il ne les voit plus, qu’ils ne peuvent se déplacer tout seuls ni répondre à ses signaux (contrairement aux personnes) ni léviter…
  • À partir du moment où les objets pourront être saisis et manipulés (au second semestre de la première année), la connaissance de leurs propriétés va considérablement s’enrichir.
  • Les connaissances se complexifient, car les objets sont le plus souvent mis en relation les uns avec les autres. Au début, le petit effectue des relations élémentaires (par exemple, taper un objet contre un autre), prélogiques ensuite (mettre des petits objets dans des grands, empiler, classer selon différents critères…).

La permanence de l’objet à 3 mois
Comment savoir si un bébé a compris que les objets continuaient d’exister alors même qu’ils ne sont plus en contact sensoriel avec lui ? Est-ce que le bébé sait que le biberon qui a disparu derrière une serviette est toujours là ? Pendant longtemps, on a pensé que les jeunes enfants, jusqu’à la fin de la première année, ne comprenaient pas ce principe de permanence des objets.
Mais, grâce à de nouvelles expériences basées sur l’étude des mouvements oculaires des bébés, on sait maintenant que, dès 3 mois, ils ont compris ! On présente au bébé le spectacle suivant : une figurine se déplace de droite à gauche et de gauche à droite, sur un écran de télévision.
Dès que la figurine disparaît de l’écran, le regard du bébé se porte à sa « sortie », montrant qu’il s’attend à voir l’objet réapparaître. Si, par trucage, la figurine ne revient pas, ou revient du mauvais côté, on voit le bébé la chercher partout avec des mouvements anormaux des yeux : il ne comprend pas ce qui se passe.

La permanence de l’objet à 8 mois
Le psychologue Jean Piaget avait démontré qu’avant 8 ou 9 mois les enfants étaient incapables de retirer un cache masquant un objet, pour le retrouver. Il en avait déduit qu’ils ne comprenaient pas que l’objet continuait d’être là, alors qu’ils ne le voyaient plus. Des expériences ultérieures ont montré que dès 3 mois, le bébé sait que l’objet est toujours là. Mais ce qu’il ne sait pas faire avant 8 mois, c’est comment s’y prendre pour le récupérer. Savoir où est un objet et mettre en oeuvre les moyens pour le retrouver sont des compétences de différents niveaux. Mais Piaget a mis en évidence un autre phénomène, tout à fait curieux, qu’il est facile de reproduire. Dès que le bébé sait retrouver l’objet caché, un petit cube sous un mouchoir, par exemple, on cache celui-ci sous un autre mouchoir, placé à une trentaine de centimètres du premier. Étrangement, alors que l’enfant a suivi le mouvement des yeux et a donc vu où a été glissé l’objet, il soulève le premier mouchoir ! Pour un adulte, cet échec semble absurde. Mais c’est parce que nous avons compris – depuis longtemps – les règles qui régissent le déplacement des objets dans l’espace et que nous savons programmer les mouvements adéquats. Si, à 8 mois, l’enfant échoue à l’épreuve des deux cachettes, à 10 mois, il la réussit sans problème !

Conseils pratiques

  • Un milieu où les stimulations sont variées et nombreuses favorise un meilleur développement du cerveau et donc de l’intelligence. Les activités proposées modèlent le cerveau de manière profonde en favorisant les connexions entre neurones. Or c’est dans les premières années de la vie que la plasticité du cerveau est la plus importante et que les acquisitions se font plus facilement et rapidement.
  • Stimulations variées ne signifie pas surstimulation. Chaque bébé a son rythme et l’attention augmente qualitativement et quantitativement avec l’âge. Il est donc inutile de submerger l’enfant d’objets et d’activités qui ne lui apporteront aucun bénéfice.
  • Les jeux de construction, d’encastrement et d’assemblage favorisent à la fois le développement de la motricité fine mais aussi celui de la compréhension de l’espace.
  • Pour pouvoir jouer, puisqu’à cette période l’apprentissage se fait par le jeu, il faut d’abord que l’enfant se sente en sécurité. Un bébé anxieux, perturbé aura du mal à s’intéresser à des jeux, surtout tout seul. Le développement de l’intelligence n’est pas indépendant du développement affectif et émotionnel.
  • Les encouragements sont indispensables pour soutenir la motivation. Un nouveau jeu de construction n’intéressera l’enfant que si l’adulte joue avec lui et lui en présente les différentes possibilités. Sinon, l’enfant se contentera d’une exploration limitée et élémentaire des pièces du jeu de construction.