Fiches pratiques du parent

Le langage s’apprend en famille

À savoir

  • C’est parce que les parents parlent à leur bébé que ce dernier va devenir peu à peu capable de parler à son tour. Plus ils communiquent avec leur enfant, plus celui-ci développera des compétences à comprendre les paroles d’autrui et à parler. Autrement dit, plus on parle au bébé, plus les échanges sont riches et variés, mieux le bébé parlera et plus il développera son intelligence.
  • La fréquence avec laquelle les parents utilisent des mots différents est fortement reliée à l’ordre d’acquisition de ces mots chez l’enfant. Il en va de même pour la présence d’objets. Il existe une corrélation forte dans la période comprise entre 6 et 18 mois, au moment, donc, de l’acquisition du langage, entre la diversité des mots ou des objets proposés à l’enfant et son répertoire lexical.
  • Les pratiques langagières au sein de la famille entraînent des différences de niveau de langage et de quotient de développement dès 18 mois, entre milieux favorisés et défavorisés.
  • Deux facteurs conditionnent l’acquisition du langage : les caractéristiques des situations dans lesquelles les mots sont entendus (le contexte), et ce qui est, au même moment, important dans le développement psychologique de l’enfant.
  • Le contexte est essentiel, tout comme le statut du locuteur. Il est courant de voir un enfant demander confirmation à un parent d’une information fournie par une personne moins familière, comme si elle avait moins de valeur et qu’il fallait la vérifier auprès des seules personnes jugées vraiment fiables.
  • On sait que l’émotion facilite la mémorisation (on se souvient plus facilement d’un accident ou d’un heureux événement que d’une journée ordinaire). Le lien affectif joue ce rôle de renforcement chez le jeune enfant.
  • Les mots entendus ne sont pas nécessairement compris et peuvent être néanmoins utilisés comme le montre l’exemple suivant. Deux fillettes jouent et l’une d’entre elles utilise un verbe qu’elle a entendu au cours d’une discussion entre sa mère et un autre adulte. Il n’est pas sûr que la fillette ait compris le sens de ce mot : « Je suis traumatisée. »
  • La seconde fillette répond : « Oh, moi, je ne suis pas matisée du tout. » La réponse traduit à la fois l’incompréhension du mot et une mauvaise segmentation (trop, matisée) mais aussi l’usage fréquent de mots incompris, d’où la nécessité de distinguer le lexique propre à l’enfant (et qui inclut aussi bien des mots produits, compris et non compris, et des mots non produits mais compris) du vocabulaire qu’il apprend à maîtriser au cours du temps.
  • Le fait de parler à un bébé n’a pas que des effets sur l’acquisition du langage. Cela lui permet aussi de se construire en tant que personne. Les propos des adultes constituent une sorte de miroir qui permet à l’enfant de se constituer en tant que sujet parlant.

Conseils pratiques

  • Parmi les conditions qui vont permettre un bon développement du langage, il y a la nécessité de considérer le bébé comme s’il comprenait le langage dans lequel on s’adresse à lui. C’est ce que font tous les parents en posant de nombreuses questions à leur bébé alors qu’ils savent pertinemment qu’il ne comprend pas le sens des mots et qu’il est encore moins capable de répondre.
  • Les parents, et les adultes en général, doivent partir du principe que, si le bébé ou le jeune enfant s’exprime (avec des gestes ou avec des mots), c’est qu’il a quelque chose à dire. D’où la nécessité de toujours répondre, en tout cas le plus possible, aux signaux émis par le bébé, puis aux paroles produites par les jeunes enfants.
  • En répondant à ses vocalisations, les adultes apprennent au bébé des règles essentielles de la communication : le tour de parole (on ne s’exprime pas en même temps mais chacun son tour),