Fiches pratiques du parent

Lire et écrire

Dès la naissance le cerveau est organisé pour préparer l’apprentissage de la lecture bien qu’aucune zone ne lui soit spécifiquement dédiée. Les régions du cerveau qui traitent le langage sont déjà prêtes et réagissent à l’audition des phrases prononcées par les adultes qui s’adressent au bébé. Ces structures cérébrales ne se développeront que sous l’effet des stimulations fournies par l’entourage, permettant ainsi à l’enfant de 5 ans d’être prêt pour apprendre à lire. Il a acquis un vocabulaire conséquent (plusieurs milliers de mots), il maîtrise de nombreuses règles grammaticales (elles sont bien sûr implicites, c’est à l’école qu’il apprendra à les expliciter), il sait quelles tournures employer quand il veut poser une question, donner une information ou un ordre, indiquer la surprise… Pendant les premières années, la vue se développe également. L’enfant apprend à faire des distinctions fines et à repérer les régularités. Il est prêt à apprendre de nouvelles formes comme les lettres et à repérer leurs ressemblances et différences.


Dans un premier temps, les mots sont identifiés de manière globale. Cela fonctionne bien avec les mots qu’il voit souvent, comme son prénom ou des marques de produits qu’il consomme régulièrement. Malheureusement cela ne suffit pas pour savoir lire. Seuls quelques indices visuels sont pris en compte et l’enfant est incapable de repérer la structure précise du mot. Le même mot écrit différemment de la présentation habituelle ne sera pas reconnu, de même que le mot dont on aura modifié quelques lettres, mais qui sera présenté dans sa graphie habituelle sera assimilé au mot reconnu alors qu’il est différent.
Le seul moyen pour savoir lire est d’apprendre à associer chaque lettre au son qu’elle représente. Dès la maternelle, les enseignants assurent une familiarisation avec le système alphabétique pour préparer l’apprentissage de la lecture et de l’écriture. L’apprentissage commence par la discrimination des lettres entre elles pour ne pas les confondre. Un b et un d se différencient seulement par l’orientation de la boucle, tout comme le p et le q ; le m et le n se ressemblent tout comme le a et le o.
L’écriture va permettre également de renforcer la connaissance les lettres. Au départ laborieuse, l’écriture se fera avec de plus en plus d’aisance, à condition qu’elle soit fréquemment pratiquée. On pourrait se dire qu’aujourd’hui, l’usage de l’écriture manuscrite est en voie de disparition puisque la majorité des écrits se fait à l’aide d’un clavier. Toutefois, notre cerveau est historiquement construit pour associer lecture et écriture. L’écriture non seulement facilite l’apprentissage de la lecture, mais joue un rôle cognitif comme le montrent les études sur les élèves qui prennent des notes avec leur ordinateur : la mémorisation est meilleure lorsque les notes sont prises de manière manuscrite.

Pour favoriser la reconnaissance des lettres, leur exploration tactile s’avère très efficace. Il existe des livres présentant les lettres en relief. En les suivant avec le doigt, les enfants apprennent à repérer leur forme et ces informations tactilo-kinesthésiques permettent de compléter l’information visuelle globale (la forme de chaque lettre) et l’information auditive (le son de chaque lettre). Cette perception dite haptique permet une analyse de la forme des lettres et constitue une aide précieuse dans leur reconnaissance graphique.

Bien d’autres règles doivent être comprises pour apprendre à lire. Le sens de la lecture, qui pour nous se fait toujours de gauche à droite, peut être compris avant même de savoir lire. Il faut pour cela que lorsque l’adulte lit une histoire, il souligne avec son doigt chaque phrase lue en attirant l’attention de l’enfant sur la progression pour lui permettre, en plus de la compréhension du sens de lecture, de faire le lien entre les caractères imprimés qui forment les mots, et l’association de ceux-ci qui forment les phrases. Ceci peut être fait dès l’âge de 4 ans.
Pour que les enfants comprennent les fonctions et le code de l’écrit, il faut qu’ils soient le plus possible familiarisés avec les différents supports (livres, magazines, règles du jeu, notice de fonctionnement d’un jouet, pages d’ordinateur…). C’est à cette condition que le désir de savoir lire va naître et que la motivation à apprendre sera maintenue.
Il est difficile de lutter contre la facilité des images animées. L’enfant n’a aucun effort à faire lorsqu’il regarde un dessin animé ou un film. Même s’il ne comprend pas l’histoire, il est porté par les images qui peuvent se suffire à elles-mêmes. Trop d’enfants se satisfont de cette facilité et ne voient pas l’intérêt de faire l’effort d’apprendre à lire. Il est donc indispensable de limiter le temps passé à regarder passivement des DVD ou des émissions de télévision qui en fait n’apportent pas grand-chose aux enfants.

La réussite scolaire est étroitement liée au langage. Ce sont les enfants qui s’expriment bien et qui ont un vocabulaire riche qui ont les meilleurs résultats. Or le niveau de langage est étroitement corrélé avec le milieu socioculturel. Les activités organisées en maternelle ne sont pas suffisamment efficaces car le nombre d’enfants par classe est trop important. Il existe dans beaucoup de villes des activités destinées aux petits autour des livres, de la lecture et du langage. La participation à ces activités, organisées dans différents lieux d’accueil (maison de quartier, centre social, ludothèque, bibliothèque) est enrichissante aussi bien pour les parents que les enfants.